La Nouvelle Union: Grève dans le secteur public : la mobilisation ne s’essouffle pas
12 décembre 2023
Par Claude Thibodeau, 12 décembre 2023
Initiée par le Front commun, une grande marche a regroupé, mardi avant-midi, pas moins de 2500 grévistes membres de diverses organisations. Depuis le Pavillon Agri-Sports, les marcheuses et marcheurs ont emprunté le boulevard des Bois-Francs Sud, escortés par des policiers de la Sûreté du Québec, jusqu’au centre hospitalier Hôtel-Dieu d’Arthabaska et au Complexe le 905 où ils se sont rassemblés.
« L’objectif aujourd’hui, c’était de venir rejoindre nos collègues en santé qui, en raison de leurs impératifs, ne peuvent pas nécessairement participer à l’ensemble des actions qu’on organise. Nous sommes venus leur témoigner notre solidarité parce qu’on est tous à la même place », a indiqué Nancie Lafond, présidente du Syndicat de l’enseignement des Bois-Francs (SEBF-CSQ).
Elle était accompagnée de Valérie Fontaine, présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur, de Véronique Neth de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS CIUSSS MCQ) et de Steve Marcotte, président du Syndicat de soutien du Cégep de Victoriaville.
Leur constat, leurs membres demeurent gonflés à bloc et ressentent l’appui de la population. « On le sent et ça motive les troupes sur les lignes de piquetage, a souligné Véronique Neth. C’est un sacrifice qu’on a à faire du point de vue salarial, de la gestion, des listes d’attente. Cela exerce une pression sur les services, mais les gens sont au rendez-vous et c’est encourageant de recevoir l’appui du public. »
« Dans la rue, les klaxons ne cessent de se faire entendre, au moins deux véhicules sur trois klaxonnent pour nous montrer leur appui, a renchéri Valérie Fontaine. Ça fait chaud au cœur parce que personne ne souhaite être dans la rue à ce temps-ci de l’année. »
Questionnés sur leur espoir d’un règlement, les représentants syndicaux demeurent prudents. « Actuellement, on n’a pas encore reçu de message comme quoi on était sur le point de régler, mais ça ne veut pas dire cependant qu’il ne se passe rien, estime Nancie Lafond. Je pense qu’il faut laisser de l’espace à nos équipes de négociations qui sont en train de faire leur travail. »
Pour Valérie Fontaine, le nerf de la guerre se passe aux tables sectorielles. « Là où on peut améliorer les conditions de travail autres que le salaire et la retraite. C’est là où le gouvernement doit nous amener vers un blitz de négociations pour être en mesure de fermer ces tables et, par la suite, nos équipes pourront s’asseoir avec le gouvernement derrière des portes fermées et discuter des salaires. »
Les syndiqués de l’État déplorent la lenteur des négociations. « Ça avance, mais pas encore assez vite, a observé Mme Fontaine. On est en attente de l’appel au blitz du gouvernement. »
Les membres en grève souhaitent un règlement rapide. « On le souhaite, tout le monde le souhaite, a exprimé Véronique Neth. Personne n’aime faire la grève. Mais on le fait pour le futur des services à la population, et ce, autant en éducation, en enseignement supérieur, en santé et dans les services sociaux. »
Les grévistes préviennent aussi le gouvernement. « Le message qu’on lance, c’est ce si ça n’avance pas assez vite, nous serons malheureusement en grève générale illimitée bientôt », a fait savoir Mme Neth.
Au-delà des salaires, les conditions de travail se trouvent en cœur des revendications.
Au Cégep de Victoriaville, Steve Marcotte déplore notamment la « très sévère précarité » du côté du personnel de soutien. « On embauche des gens à temps partiel plutôt que d’ouvrir des postes à temps plein. Voilà pourquoi on a un salaire annuel moyen de 27 000 $. À ce salaire, être un employé de l’État et être obligé d’aller dans les banques alimentaires pour subvenir aux besoins de sa famille, c’est inacceptable », a-t-il plaidé, tout en appelant au changement. « Il faut ouvrir des postes à temps plein tout en conservant les emplois à temps partiel, mais en ajustant les salaires en fonction du coût de la vie. »
Les grèves en cours constituent en quelque sorte un cri du cœur des membres.
« Ce n’est pas une négo de structure, de syndicats, mais de membres. C’est une négo qui s’adresse à la base, a fait valoir Nancie Lafond. Quand j’entends le premier ministre tenter de discréditer les syndicats, ça me fâche, car actuellement, ce ne sont pas syndicats, ce sont les membres. »
« Le message ne passe plus seulement par les représentants syndicaux, mais par l’ensemble des membres. Ça transparaît dans les médias sociaux, dans la rue, dans nos manifestations. Et c’est beau à voir cet esprit de rassemblement, de soutien et d’entraide », a conclu Véronique Neth.