«Plus ça va, plus le nombre augmente. À un moment donné, c’est assez. Il faut mettre le pied à terre», a lancé la présidente du Syndicat de l’enseignement des Bois-Francs (SEBF-CSQ), Nancie Lafond, jeudi midi, devant les bureaux du Centre de services scolaire des Bois-Francs à Victoriaville.
Des enseignantes et enseignants s’y étaient regroupés pour manifester leur mécontentement face au trop grand nombre de classes multiniveaux, 112 classes prévues pour la prochaine année scolaire.
«On est ici pour dire à notre employeur que 112 groupes multiniveaux, c’est trop, 112 groupes contribuent à alourdir la tâche des profs. Ces 112 groupes, tels qu’ils sont formés actuellement, ça ne rend pas service aux élèves», a fait valoir Nancie Lafond, déplorant le nombre sans cesse grandissant de ces groupes dans les établissements du CSSBF, notant qu’en 2014-2015, on en comptait 75.
Les profs, a rappelé la présidente du syndicat, ont massivement rejeté à 82% l’offre patronale le 11 mai parce qu’elle ne génère, selon eux, aucune amélioration concrète dans leur quotidien. «Les enseignants ont lancé un véritable cri du cœur. Ce n’est pas le salaire qu’ils priorisent, c’est de l’air qu’il leur faut pour améliorer les conditions d’exercice, et, par ricochet, favoriser les conditions d’apprentissage des élèves», a souligné Mme Lafond.
La présidente de la SEBF précise que ses membres ne réclament pas l’abolition pure et simple des classes multiniveaux, une mesure nécessaire dans certains cas. «On comprend que dans certains milieux, c’est ce qui maintient ouverte l’école du village. Mais quand 36 des 38 écoles primaires comptent une classe multiniveaux, on n’est pas dans la survie de l’école. On parle de la survie des profs», a-t-elle soutenu.
Les classes multiniveaux obligent les enseignants à prendre les bouchées doubles pour s’acquitter de leur tâche. «Les enseignants, qui ne veulent pas que leurs élèves soient pénalisés, mettent les bouchées doubles. Pas étonnant qu’ils se sentent épuisés, qu’ils quittent la profession ou qu’ils tombent malades», a observé Nancie Lafond.
Pour l’enseignante Valérie Perreault, l’enseignement dans une classe à double niveau constitue un «défi très exigeant». «On y arrive à relever ce défi. On consacre plus d’énergie, plus de temps, mais ça nous essouffle. C’est un beau métier, on l’aime, mais il faut que ça change maintenant. C’est difficile, on ressent une pression. On ne veut pas quitter, mais on travaille fort pour que ces élèves aient tout ce dont ils ont besoin», a-t-elle témoigné.
Malgré la fatigue, les profs hésitent à recourir aux journées de maladie. «On ne prend même pas nos congés de maladie, parce que cela nécessite beaucoup de planification. On préfère rester avec nos élèves pour leur bien-être. Comme nous sommes des professionnelles, nous passons à travers les programmes, car on a à cœur la réussite. Mais ça nous donne beaucoup plus de travail qu’une classe à niveau simple», a exprimé l’enseignante au primaire.
Pour le syndicat, les solutions existent. «On demande des baisses de ratio et un financement accru. Cela aurait un impact sur l’organisation scolaire. C’est un moyen d’y arriver. L’ajout de profs constitue une autre solution. Mais on essuie des refus. Pendant ce temps, on a du monde qui souffre et qui appelle à l’aide», a signalé Nancie Lafond.
La présidente du SEBF déplore que les autorités n’entendent pas leur message. «J’ai fait une intervention au conseil d’administration la semaine dernière. Je n’ai eu aucun commentaire, ni de la direction générale, ni du conseil d’administration. C’est fâchant», a-t-elle confié.
Le Syndicat des enseignantes et enseignants des Bois-Francs représente les quelque 1 200 membres du Centre de services scolaire des Bois-Francs. Il compte parmi ses membres du personnel enseignant de tous les secteurs : préscolaire, primaire, secondaire, formation professionnelle et formation générale des adultes.